En route vers l’Altaï mongol (Vidéo)

Avant de repartir dans les steppes arides et montagneuses du sud-ouest, faut quand même que je vous cause un peu du peuple mongol. Passons vite sur sa langue totalement incompréhensible à nos oreilles européennes…
D’un abord austère et froid, le sourire difficile sauf à la vue de Moultipass, le mongol de la steppe ignore totalement les conventions. Ici, le bonjour (Sain Banou) est rare, le merci (Baichla) inexistant. Ça surprend au début mais on s’y fait. Et de toute façon, Moultipass sait les amadouer et finit par les faire sourire (presque) toutes et tous.

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Femmes et hommes remplissent leurs tâches respectives et le respect semble la règle intersexe. En Mongolie, le 8 mars, journée internationale des droits des femmes est un jour férié national… Exemplaire, non ?
Même vu une maçon mongole en train d’enduire une façade de maison en dur, jamais vu en France.
Tous les commerces de bouche, restaurant, hôtel, camps de yourtes semblent tenus par les femmes. Où que tu ailles, tu es toujours reçu par elles.
Côté cuisine, si t’aimes pas le mouton, pas facile de s’alimenter sur la route. En soupe, avec des nouilles, en raviolis, en sauce, rarement grillé, à la ville comme à la campagne, le mouton toujours t’accompagne :)
La mongolitude a fatalement des contreparties et c’en est une.
Mais on mange quand même bien mieux et bien plus diversifié en 2024 qu’en 2008.

Ceci dit ou plutôt écrit, Moultipass s’ébroue à 5h08 en ce petit matin frisquet depuis River Point direction la route du sud. Elle ronronne à 3500 tours/mn - 85 km/h. Premier objectif, s’échapper au plus vite du périmètre touristique. Deux jours de route malmenée par la rudesse des hivers froids secs et venteux (-30° n’est pas rare). Rapetassées (reprisées), les routes asphaltées sont rebondissantes à souhait. Très difficile de s’endormir au volant ou au guidon.
Quelques 700 km plus loin, après Bayanhongor, l’appel de la piste se fait sentir. C’est con car la route toute neuve est impeccable. Jamais roulé sur une aussi bonne route en Mongolie.
La piste choisie s’enfonce un peu plus au sud mais toujours cap à l’ouest. Piste impeccable elle aussi, rencontré personne sur 250 km. Très peu voire pas de yourte de nomades dans cet espace immense semi-désertique. Aperçu de loin quelques troupeaux de chèvres à cachemire mais toujours sans berger. Qu’il est doux le vent de l’horizon sans limite.
Aller où l’on souhaite, plus besoin de piste, juste se fier à un cap, voilà la valeur principale des déserts…
Excellente nuit de bivouac au milieu de n’importe où, sans âme qui vive à portée de vue. Et ici, elle porte loin.
Ciel menaçant, éclairs et roulements de tonnerre tout au loin. Pas plu de la nuit, tente pliée sèche mais route sud bien inondée en arrivant après la tempête avant Altaï.

Le paysage restant sur ses marques et l'asphalte s’affichant toujours aussi bon, le départ d’Altaï se fait par la route sur plus de 100 km. Quel confort :) Beaucoup de chameaux dans le coin. Tu te demandes ce qu’ils foutent sur la route avec tout l’espace qu’ils ont autour… Cherchent de l’eau dans les canaux des bords de route.
Petite boucle par une piste sud facile et agréable sur une centaine de km pour arriver à Darvi.
Tiens une Saïga, antilope asiatique en vois d’extinction. Dommage, elle est en carton.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Saïga
Belle vue sur le glacier du mont Sutaï (4090m). Mon premier glacier de l’Altaï.

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Ravitaillo, repas de midi de nouilles au mouton. Ça cale son homme :)

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Pas simple pour trouver une extension carte SIM téléphone pour 10 jours à Darvi. Faut prendre le temps et pour corser la chose, de retour à Moultipass, je me rends compte de l’oubli des clés de Moultipass dans le side-car protégé par cadenas (Obligé de faire appel aux clés de secours = 1 bonne heure avec pauses photos obligatoires).

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Enfin, départ pour le spot indiqué par Chinzo du lac Dürgün… Ah, c’est une piste entrante d’un parc national = tôle ondulée… Après une vingtaine de km de vibrations très déplaisantes, je jette l’éponge et attaque un demi-tour par une piste sud-est. Une petite lagune dans une vallée au loin tend ses bras pour le bivouac. L’endroit semble plaisant mais le temps de chercher un emplacement, les mouches-moustiques lancent un assaut quasi-canadien en me lardant cinq fois les bras. Repli stratégique digne d’une retraite en totale débandade :)
La piste s’élève, devient caillouteuse et Moultipass me demande de s’arrêter pour refroidir. Va falloir être patient… très patient et surtout arrêter les pistes de montagne quand il fait aussi chaud.
A force de patienter, arrivée tardive, trouvé un hôtel, le seul, fait chaud (29°c) à 20h30, moustiques, on va pas se plaindre, y’a un ventilo et Cortapaisyl. Journée pas glop…

De bonne heure trente, belle route jusqu’au lac Khar-Us puis piste tout au long du lac. Moustiques omniprésents… faut encore oublier le bivouac :(
Beaucoup d’oiseaux autour du lac. Il est vrai que les moustiques ne recherchent que le sang des mammifères, chanceux volatiles.
Bizarre ce truc, pas ennuyé par les moustiques au centre sur 3 semaines et l’enfer depuis 3 jours. Va comprendre…
Par ici, les yourtes sont construites en dur (briques de pisé). Comme disait Patoche, pas facile à meubler avec des murs arrondis.
Pas vu un seul arbre depuis 5 jours. Pire que le Nullarbor du sud australien. Pas beaucoup d’habitants non plus. Ressemble beaucoup au sud marocain. Rocaille, montagnes colorées, végétation pré-désertique.
Et ce parc à bestiaux constitué de carcasses de voitures disposées en cercle. Recyclage original et efficace :)d

Belle étape à Khovd. Me retrouve tout seul à la Guest house « Fairfield Mongolia West Experience ». Même Marvin le proprio est parti. Comme un bivouac dans le désert mais en pleine ville :) Un arc en ciel complet vient faire un clin d’oeil au dessus de Moultipass.

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Après Khvod, la route s’élève sérieusement. Toujours au dessus de 2000 m avec deux cols à 2500 et une température en conséquence. Les couleurs de ces montagnes sont fascinantes par leur diversité. Hormis dans les villes, pas vu un seul arbre depuis 5 jours. Etonnant.
Les glaciers mongols n’ont pas encore tous disparu et se voient de loin. En revoyant des yourtes et des troupeaux, on peut conclure que les moustiques ne sont pas montés à ces altitudes. La ville d’Ölgii apparait comme posée au milieu de son écrin de sommets.

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Rencontre heureuse à Ölgii où l’on se retrouve avec Isabelle de Charente rencontrée à l’immigration à Ulaan Baatar. Les routes des voyageurs finissent toujours par se recroiser. Isa, la cinquantaine, voyage seule en bus et stop le plus souvent. Pas facile de faire un bout de piste dans ces conditions. Nous décidons conjointement de faire une boucle entre trois villages à l’est d’Ölgii avec bivouac pour qu’elle puisse (enfin) tester sa tente de trekking. Que pensez-vous que deux voyageurs se racontent le soir devant un feu de crotins secs de chameaux et chevaux ramassés autour du campement ? Toute une soirée à causer voyage et en français !

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Après le rangement méthodique du campement, quelques centaines de mètres après être partis, une antique jeep UAZ avec une famille en provenance de Dayan (à 250 km de là tout à côté de la frontière chinoise) est arrêtée sur le bord de la piste. Un homme fait signe. Analyse de la situation rapide, manivelle ne tourne plus, voiture n’avance pas quand on la pousse. Moteur ou boite bloquée. Ça sent un RV soupape-piston… Isa reste avec la mère et les deux grands garçons. Le chauffeur grimpe dans Moultipass, direction Tsengel pour trouver quelqu’un qui le dépannera. Il se renseigne à droite à gauche et on finit par arriver au garage UAZ. On se croirait chez « Ousman casseur » à Gao Mali à la grande époque des 404 :) Je le laisse là et retour pour récupérer Isa. Photos, impression des photos et devant le niveau de vie de cette famille, j’offre les jumelles Minolta 60x de Yves, le papa de Pascale. Elles leur seront bien utiles. Et puis ça mettra un beau rayon de soleil dans leur journée galère.

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Moultipass décolle pour de bon. Méthodiquement, afin de nous garantir une piste sans encombre, nous faisons 3 fois le tour des Ovoo placés en haut des cols à plus de 2700 m.
Belle balade avec surtout des rencontres. Moultipass reste l’attraction qui aimante tous les mongols, hommes, femmes, petits et grands. Le side-car est vraiment le meilleur passeport pour voyager.
Retour à Ölgii, car wash pour Moultipass, courses à la supérette, prêts pour passer chez le cabillaud (Poutine) demain samedi. En Russie !
Gaazzz

Moultipass, qui voyagera verra