Le Sud : de Port Augusta à 111 111 km… (Vidéo )

Le southern (Australie méridionale)… Pas d’accent chantant, on n’y prononce toujours pas les « e », pas d’aïoli mais quand même comme chez nous, une espèce de mistral (Ouest-Nord Ouest) 3/4 de face qui fait forcer et donc sur-consommer Moultipass avec son CX de boite à sucre. A l’aspi derrière les camions, impossible, roulent trop vite. Heureusement quelques retraités avec leur grosse caravane propose leur aspiration.

OK, on ne voit pas le paysage de face mais route droite, champs de blé à perte de vue, tu ne manques rien ou pas grand chose. Ce qui, vous en conviendrez, revient au même :)

Ici dans le southern, sur les panneaux avertisseurs, les « Grain Trucks » remplacent les « Road Train », pas par la taille mais par la fonction. Construits uniquement pour transporter du blé, des millions de tonnes de blé. Et jamais une boulangerie en vue…

Par contre, les immenses silos à grain signalent longtemps à l’avance le hameau ou le petit village s’annonce. La culture est extensive, très extensive. Sur plus de 600 km, aucun moucheron ne vient s’écraser sur la visière, aucune herbe folle dans les champs, que du blé bio certainement…

En sortant du musée des hydroliennes, un Road Train jaune (de mine) à 4 remorques m’interpelle… petit calcul mental… 24 pneus par remorque sur 3 remorques + 12 pneus sur la première remorque = 84 pneus… sans compter ceux du camion tracteur…. Doit être bien content le monsieur Norauto local quand il le voit arriver celui-là !

Après les champs, non… après les plaines de blé, le Nullarbor s’affiche sur grand écran. Pas d’arbre, rien en vue sur des centaines de kilomètres… Anomalie ou normalité végétale des bordures de déserts. Les images du sud tunisien en descendant vers la Libye ou du sud Maroc en descendant vers la Mauritanie repassent dans mon cerveau. Lieux différents, même contexte végétal…

Samedi c’est Cook… Je m’étais promis de me faire un « Saturday Night Fever » au « middle of nowhere » où a été inauguré le « Cook Ghost Contemporary Art Centre » par l’artiste français Laurent Mulot en février 2003. J’avais pas bien compris la démarche de Laurent au début et puis après avoir vu l’hôpital fantôme, le cours de golf fantôme, la piscine du même acabit, force est de comprendre que tout est possible à Cook. Alors pourquoi pas aussi un centre d’art contemporain fantôme ! Excellente idée Laurent - www.mofn.org

Rencontre avec le gardien du lieu : Jeff Harris, un explorateur qui aurait retrouvé l’ancienne colonie hollandaise rescapée d’un naufrage arrivée bien avant Cook en Australie.

A lire par ici ou à copier/coller dans google traduction : https://www.couriermail.com.au/news/queensland/gladstone/gladstone-mans-massive-gold-find-claim-needs-mining-giant/news-story/dfed9ef940167516c06004bdf6f490c4
Cook a été en fait créé de toute pièce en 1914 parce que c’est ici que la jonction s’est effectuée entre les deux équipes de constructeurs de cette interminable voie ferrée. Une équipe de Sydney à l’est et une de Perth à l’ouest.
C’est toujours un lieu de vie avec son histoire et ses fantômes. Maisons et autres algecos abritent des ouvriers uniquement le temps de travaux sur la voie ferrée sinon ils auraient plus de 4 heures de piste tous les jours pour aller et revenir de l’hôtel le plus proche (Roadhouse Nullarbor).

Bon sinon, à Cook, je me suis fait agressé mais grave. Agressé par les mouches, toutes petites mouches ! Elles piquent pas, elles veulent juste boire dans tes yeux ou au bord de tes lèvres ou entrer dans tes oreilles. C’est con une mouche, y’a rien à boire dans les oreilles quand elles sont sèches comme les miennes… Tu essayes de te persuader que ce n’est pas pire que les moustiques mais impossible, j’ai craqué, trop nombreuses. Le camping à Cook et la soirée disco, on oublie ! Gaazzz vers la fraiche brise du bord de mer qui les tient à distance.

Camping sauvage en bord de falaise, frais et très bien ventilé, aucun risque d’entrevoir la moindre mouche… les nuits sont longues, surtout avec les changements d’heure en allant vers l’ouest avec des fuseaux horaires d’une heure, de 30 mn puis de 45 mn, j’y capte rien, jamais à la bonne heure. Le soleil disparait à 17h18, t’as intérêt à avoir fait ta vaisselle avant. Une barre de chocolat et à 19 h, tu t’installes dans ton sac de couchage à attendre 12 bonnes heures pour revoir le jour. C’est l’hiver, le poêle à bois et le lit en moins…

Entre certains états australiens, « douane de quarantaine »… La gentille « douanière » demande à voir tes provisions et promis juré que t’as pas caché de légumes ou fruits frais et tu peux continuer ton chemin. Mais quelle peut bien être la différence entre une tomate de Foodland de Port Augusta et une tomate de chez Cols à Perth ? Qui va contaminer qui ?

La route reprend vers l’extrême sud-ouest avant de remonter sur Perth. Je retrouve mes bons vieux country hôtels maintenant fréquentés par des mineurs. Ça « mine » de partout par ici (or, bauxite pour aluminium, etc). La taille des engins de mine croisés sur la route est à l’échelle du pays. Comme ce godet sur un transport oversize. A voir le godet, je te laisse imaginer la taille de la pelle mécanique…

Et puis quelques dizaines de kilomètres plus loin, en pleine ligne droite la plus longue d’Australie (146 km), rencontre magique de voyage, je tombe sur un anglais pousseur de poussette : Tom Fremantle : https://tomsworldwalk.com/tom-fremantle-live-tracking-map/
Il tombe ses 20 à 40 km par jour avec son barda et là chance (pour lui mais pas pour moi) un bon vent dans le dos l’aide bien. Un truc de fou son trip à pied avec poussette. Déjà plus de 20 000 km parcourus.
Bonne bouille le Tom, dit être prof à Taïwan. On tape le bout de gras une bonne demi-heure, passage d’infos, photos et chacun reprend sa route, reprend son chemin.

Retour au bord de mer, retrouvailles avec les entrées maritimes :( Journée très humide par intermittence(s). Me languis que ça cesse ces arrosages de grains maritimes. Dommage car la traversée des « Southern Forest » était magnifique avec leurs immenses eucalyptus.
Arrivée à Manijmup, direction hôtel historique. No chance tout est complet. Ben alors ma bonne étoile, t’es où ?

Cinq gars en habits de chantier fluos jouent au billard. Un double mètre portant dreadlocks s’adresse à moi. I don’t understand man. Il ralentit et je comprends qu’il a un plan dans un building orange ??? Devant ma difficile comprenure, il me fait signe de le suivre. 400 m plus loin, arrivée sur le bourbier, pardon, chantier d’un motel orange en construction. Il ouvre une porte et me dit que je peux m’installer gratuitement dans cette chambre. Y’a un king bed 200x200, l’eau chaude mais pas d ‘électricité. No problem man,
L’autre, il ne te connaît ni d’Ève ni d’Adam et il t’ouvre la chambre modèle à dupliquer :) le cœur sur la main avec un magnifique sourire. Merci ma bonne étoile… et merci Dave, le chef de chantier ! Quand je vous dis que les australiens sont sympas avec moi !
Retour à l’hôtel/bar, une Corona pour le Dave (mec bien ça c’est sur) et une IPA pour Bibi. Photos devant le side, discussion explication avec toute l’équipe du chantier du futur motel orange qui analyse minutieusement Moultipass et je pars m’installer. Gaffe au bourbier sur le chantier… il flotte tout le temps dans le southern western (sud-ouest).

Faut pas trainer ce soir, ils reprennent le boulot à 7 h pétantes demain matin.

Lever 6h, pataugeage dans la boue sous la flotte pour recharger le barda… j’abandonne lâchement le bord de mer et décollage plein nord pour se rapprocher eu plus vite du tropique pour y retrouver le soleil ! La pluie me poursuit jusqu’à midi, heureusement les silhouettes élancées des gratte-ciels du CBD de Perth découpent les nuages.
Le CBD ici, c’est « Central Business District », le quartier d’affaires, ça se fume pas :)
Le temps de voir s’afficher le chiffre magique de 111 111 km sur le compteur et cet épisode s’arrête là. Moultipass marche le feu de dieu ! Pas rajouté une goutte d’huile en 7000 km. Chapeau le desmodue :)